Pizza Syndicate, un titre n'a jamais aussi bien porté son nom et en même temps n'a jamais été aussi obscure. Car sous ses airs de jeu de gestion de petite entreprise de type fast-food se cache l'un des jeux de simulation de la pègre des plus poussés. Mais aussi l'inventeur de la pizza-ananas du Démon.
TLDR
JOUABILITÉ
Complet et complexe
NOSTALGIE
Souvenir > Réalité
Plusieurs villes sont disponibles pour créer votre empire.
J’ai attendu super longtemps pour le faire ce test. Déjà parce qu’on ne traite les jeux de 1997 à 1999 que depuis assez récemment dans la longue histoire de GameTrip et que ce jeu est donc bien sorti à la toute fin des années 90. Et aussi parce que j’avais des «vrais» jeux un peu plus importants à traiter avant. Non pas que
Pizza Syndicate soit une bouse, mais c’est surtout qu’il est si peu connu et si étrange que je ne suis pas sûr qu’il intéresse grand-monde. D’ailleurs si tu le connais aussi, je serais ravi d’avoir ton commentaire pour me soutenir et me sentir moins seul. C’est ça où je noie mon chagrin dans un chianti en mangeant une bonne bolognaise, mamamia. Ah mince, ça y est, je suis contaminé.
Spaghetti aux marrons
Les outils de customisation des restaurants sont assez complets.
Bon, comme son nom l’indique en France (car aux USA, il se nomme Fast Food Tycoon, qui n’est pas réellement le concept du jeu), ça parle d’une partie de la population immigrée de New York qui a décidé de se lancer dans la cuisine de mets typiques pour les locaux.
Pizza Syndicate est assurément un jeu de gestion. En premier lieu, de gestion d’une pizzeria, ce qui était super novateur à l’époque où on n’avait pas 2000 «jeux» sur téléphones sur le même thème. Vous passez donc par plusieurs étapes.
Vous savez, dans la "Famille", on peut s’arranger
D’abord choisir votre
map, puis repérer l’emplacement le plus propice à votre boutique, en fonction des quartiers. Certains bâtiments sont plus exposés, à côté d’un cinéma par exemple, ou de monuments de votre ville (réelle, comme Paris, Venise ou New York), d’autres sont près des docks ou des quartiers chauds, et ont moins d’influence, mais sont du coup moins chers. Une fois choisi, installez votre boutique. Comme tout bon jeu de type tycoon, on rentre dans la phase d’achats et de customisation de votre intérieur, une phase hyper fournie avec un catalogue d'objets de décors énorme, puis on passe au recrutement du personnel. Ce dernier est classé par aptitudes, par expériences, tel un bon
RPG, mais possède aussi quelques specs qui peuvent lui fournir des compétences supplémentaires. Il faut aussi trouver un fournisseur et gérer le stock pour votre cuisine.
Le jeu qui a inventé l’œuvre du Démon.
Et puis vient surtout le moment de créer les pizzas. C’est ce qui m’intéressait le plus à l’époque où j’ai découvert ce jeu. On dispose de tout un tas d’ingrédients à poser sur sa pâte. Un coup de thon, des lardons, du reblochon, des cornichons, et voilà la pizza des cons. Choisissez avec parcimonie et tact, car vous payez tout ça dans votre stock, et votre budget peut vite flamber. Et puis il faudra acheter des hangars pour stocker votre bouffe. Créer ensuite votre menu grâce à la centaine d’ingrédients (alors là du coup j’ai rouvert le manuel, et c'est pas indiqué mais on n'est pas loin du compte) et vous pouvez ouvrir votre magasin.
Le syndicat libre (de .45 ACP)
On peut rajouter des merdes du genre cricket ou kangourou. NON SANS HUMOUR.
On entre alors dans la deuxième phase du jeu, qui pour le coup pourrait être votre partie préférée tout comme celle que vous allez délaisser. J’avoue qu’en y jouant à l’âge de 12/13 ans, on s’en tamponne un peu, mais 20 ans plus tard, ça devient plus intéressant. Vous n’êtes pas que pizzaïolo, et dans le monde merveilleux des clichés, vous êtes aussi un mafieux qui utilise sa boîte pour blanchir l’argent des copains. Le côté tycoon, c’est pour la création de l’empire à venir. Dans le monde de la pizza certes, mais aussi dans un monde un peu plus sombre. Et là je laisse durer le suspense et je rajoute un peu d’emphase pour amener la suite de manière douce mais très grave. Vous pouvez donc aussi faire partie de la PÈGRE (le «Syndicate» du jeu). Voilà c’est dit. D’ailleurs vous serez souvent obligés car il peut y avoir quelques razzias de bandits dans les rues pour conquérir le marché. De temps en temps vous pouvez donc avoir une phase en bagnole dans le quadrillage de la
mapdu jeu, pour faire un casse, une descente chez un concurrent, et ensuite pour échapper à la police si vous ne voulez pas voir votre empire dégringoler.
Va fa Napoli
La pègre, l'un des aspects les plus essentiels du jeu.
Le jeu propose aussi toute une facette de gestion de type marketing. Vous pouvez sonder des parties de votre clientèle, là aussi des gros clichés. Les bobos avec une écharpe et qui viennent en trottinette ou en dandinant du cul, les hippies avec le bédo au bec, les «croulants» qui râlent tout le temps. Le doublage est bien WTF dans la version française. Leurs attentes sont différentes et donc votre choix de carte conditionnera les ventes. Il est MEGA DUR de contenter tout le monde, voire d’en contenter deux d’un coup… Le mieux étant de faire une carte énorme avec un peu de tout pour tout le monde, et d’obtenir une note d'attrait très moyenne pour tout le monde. Car de toutes façons, avoir une bonne note de réputation sur un segment, c’est peine perdue. Il y a aussi évidemment une page permettant de faire des coups marketings, avec de la TV, des flyers et d’autres lancement de rumeurs pour déstabiliser les concurrents. Si malgré tout vous ne décollez pas, vous pouvez envoyer l’inspection sanitaire après avoir au préalable déposé des rats chez le voisin, mais ça c’est vous qui voyez. Vous avez aussi le traditionnel onglet des banques, des gros requins qui vous fileront de l’argent contre beaucoup d’intérêts. Mais dans la Famille, on peut s’arranger.
Le monde de la finance, selon les développeurs.
Côté graphiques et design, on est sur du bon gros comique. Des personnages de type «gros nez» de la BD peuplent ce petit monde hyper cliché et caricatural, c’est pas très fin mais c’est cohérent avec le monde de la gestion et simulation à cette époque. Tout est fun du début à la fin, jusqu'à la galette même (le CD ressemble à une pizza). Côté sonore aussi, c’est plutôt bien foutu avec des ambiances musicales différentes même si certaines sont répétitives. Ah tiens, les sons de clics sont des bruits de bouches: si ça c'est pas «foufou» hein. Le seul réel souci c’est qu’on peut vite s’y perdre au début tellement il y a à faire (gestion des stocks, de l’emploi du temps de vos serveurs, de la carte, des petits boulots de la pègre etc.), de quoi justement délaisser peut-être certaines parties pour se concentrer sur d'autres. Mais heureusement une option permet de déléguer à l’
IA certains aspects. À noter aussi que le jeu permet de jouer jusqu’à 6 avec un mode multi où chacun dispose de sa chaîne de restaurant dans l’une des nombreuses villes disponibles dans le jeu et doit donc se battre comme dans un
Civilization pour être le meilleur Al Capone des temps modernes.
- Torché le 22/08/2019 à 22h30 par Jivé.