Quand on voit une grosse crotte sur un trottoir, a-t-on réellement envie de mettre le doigt dedans pour y chercher quelque trésor?
Si la question en introduction vous peut laisser coi, elle a pourtant tout son sens. Ici, on pourrait la traduire par: a-t-on le droit de juger un soft qu’on n’a même pas eu le courage de terminer, même si le peu qu’on a fait sent vraiment mauvais? La réponse est évidemment non. Et pourtant, j’ai quand même envie de cracher allégrement sur
l’adaptation vidéoludique du film culte des années 90 Wayne’s World, alors que je n’ai même pas vu le bout du 1er des 4 mondes qui composent l’aventure.
Excellent! Gigateuf!
S'il y a des films dont je me souviens de chaque réplique, Wayne’s World en fait certainement partie. Sorti en 1992, ce long métrage à l’humour décalé mettait en scène 2 jeunes rockeurs branleurs, Wayne et Garth, défendant corps et âme leur propre show télévisé contre des producteurs malveillants et avides de fric. Tout un symbole. Et il y a des fois où je me dis que ce sont ces mêmes producteurs malveillants et avides de fric qui ont porté
la licence en jeu vidéo, parce que l’adaptation sur
Super Nintendo, sorti un an plus tard, tient sacrément de la merde.
Si Wayne’s World était un nom de médicament...
Voix digitalisées scandant des «Wayne’s World!», «Excellent!» à tout va, screens photo-réalistes affichant Wayne et Garth... Dès l’introduction, impossible de ne pas savoir de quel film le jeu tient sa licence. Le scénario, lui, s’éloigne quand même de l’histoire originale. Il met en scène Wayne qui part à la rescousse de Garth, son fidèle ami, prisonnier d’une grosse gélatine vivante à la forme monstrueuse. Et ça commence comme tout bon jeu de plate-forme
2D. On dirige Wayne, avec une vue de profil, et on fait sauter notre rockeur amateur blagueur de plate-forme en plate-forme. L’univers du 1er monde tient du magasin de musique, avec des enceintes et des guitares dans tous les sens, nous ramenant principalement au Rock’n Roll. Yeah!
Bah en fait c'est d'l'a merde...
Les ennemis, eux aussi, sont dans le thème musical: accordéons nerveux, trompettes à la tronche cartoonesque, soucoupes volantes (?!). Wayne pourra les faire valser grâce à sa guitare électrique qui, par je ne sais quelle opération divine, marche comme un gun en lançant des effluves électriques. C’est léger, ça se veut fun, un peu «délire». «Cool» quoi. Et Wayne nous le rappelle constamment en tirant des tronches d’ahuri avec sa grosse tête photo-réaliste. Mais il n’y a rien de pire qu’un jeu qui cache ses défauts en adoptant un ton décalé. Dit poliment, ça donne vraiment l’impression de se faire enfourner un gros suppositoire dans le canal adéquat.
J’m’ai pas fait mal
Si
Wayne’s World était une leçon à retenir, ça serait celle de ce qu’il faut faire pour obtenir un
level design de strapontin, tant tout a été construit à la truelle et au fusil à pompe. On se promène sans but dans un univers très métallique échafaudé sur plusieurs étages; en allant tantôt vers le haut, tantôt vers le bas, et en ayant, surtout, sans cesse l’étrange sensation d’être revenu à la case départ tellement chaque passage ressemble au précédent. Ca tient presque de la prouesse tant c’est répétitif et chiant. Du coup, on s’emmerde. Alors on trace sa route, et on se prend tous les ennemis au passage; car, cerise sur le caca, ils se confondent souvent avec le décor. Alors on crève, et on re-crève, et on re-re-crève. Et on n’a pas envie de continuer.
Et puis paf, après moultes tentatives, on trouve la fin du niveau. Et c’est reparti pour le level suivant: même décors, mêmes ennemis, même
level design inspiré du néant cosmique. À croire que les stages sont générés aléatoirement. Et à mon avis, le génie responsable de la construction des niveaux a du inspirer le compositeur. La musique -du premier level au moins- est une espèce de bouillie infâme de Rock’n Roll (re-yeah!) et de Dance, tournant en boucle jusqu’au vomissement. Un calvaire psychique j’vous dis!
- Torché le 19/11/2011 à 9h12 par samcarredas.