Peu avant Noël, la rédaction de GameTrip a découvert les M-BOX Hyperspin de JPM Games, des consoles de retrogaming conçues, montées et vendues par un Français «dans sa cave» et dont certaines sont si puissantes qu'elles peuvent même faire tourner des jeux de maintenant. Rencontre avec Jean-Paul, le créateur.
Du classique, on ne peut plus classique.
D-Box, M-Box, HD-Box, peut-être avez-vous déjà vu ces «consoles» de retrogaming sur Internet. Son créateur, c’est Jean-Paul, alias
JPM Games. Autodidacte dans la création de systèmes d’émulation, grâce au frontend Hyperspin, il a démarré son activité entre 2015 et 2016. «On peut dire que c’est une reconversion. Je faisais un peu de dépannage informatique et parallèlement je touchais à Hyperspin. Au fil du temps, ça a pris le dessus» dit le passionné basé à Clermont-Ferrand et qui se vante sur son site d’être dispo 24h/24 et 7 jours sur 7 pour ses clients via Whatsapp. Un vrai service qu’il assure volontiers et qui fait partie du «package» des consoles qu’il vend, entre 130 et 1600€. «7 jours sur 7, c’est façon de parler mais je profite de ma situation familiale actuelle où j’ai beaucoup de temps, pour faire au mieux car je sais que les gamers peuvent avoir besoin de moi à tout moment». Ses box sont créées à la demande. Lorsqu’on a acheté une de ses créations, peu avant Noël, il avait fait une petite entorse au règlement. «D’habitude je construis à la commande, car je ne peux pas me permettre en terme d’investissement d’en avoir d’avance, ça coûte très cher. Sauf la M-BOX 1, la moins chère, j’en ai toujours une d’avance. Mais là, pour les fêtes, j’ai fait l’effort d’en avoir plusieurs pour répondre aux demandes rapidement. C’est pas toujours évident car je fais tout moi même, la création, le site, le montage des boîtiers et ensuite le SAV».
«Les puristes sont contents de ne pas déballer leurs jeux originaux»
La M-BOX 1, le bas de la gamme de JPM, mais c'est déjà lourd dedans!
Sur son site il propose donc deux formats, soit les box qui sont de vrais disques durs externes à brancher sur son ordinateur. De l’émulation simple via un petit disque qui a besoin d’être relié à un PC Windows. Une autoinstall permet de configurer rapidement et sans grand problème le logiciel. «Mais là où j’ai ressenti la plus grosse demande, ce sont les box en format console de jeu. Ce sont de mini PC barebone entièrement configurés par mes soins, très pratiques pour le mettre dans le salon. Ça marche comme une console, on met la manette et on relie à sa télé». Que ce soit un format ou l’autre, on se retrouve avec une centaine de système et 15 000 jeux au moins. Le tout peut monter jusqu’à 24 000 jeux. Et comme à chaque fois qu’on commercialise un système avec de l’émulation, on est en droit de se demander la légalité dans tout ça.
Dans le monde du retrogaming, les règles et la légalité c'est assez flou
«C’est toléré. J’ai beaucoup discuté avec les retrogamers puristes et les collectionneurs. Souvent ils me prennent une box mais ils m’envoient des photos avec des étagères pleines de vrais jeux, les même que dans la box. Et si je leur demande pourquoi ils prennent des jeux en ému, ils me disent ‘heureusement que vous êtes la, ça m’évite d’ouvrir mes blisters’. Dans ce monde, c’est quand même assez flou la légalité du coup dans les mentions légales je précise bien qu’il faut les originaux ou alors que ces jeux servent à faire des tests scientifiques en prévision d’un achat. En tout cas, je ne vends qu’à des particuliers pour utilisation privée et non pour que ce soit mis à disposition du public!»
Aux petits oignons
Un exemple du nombre de systèmes présents dans la HD Box IV.
A la rédaction, on a créé nous même une box similaire, avec une carte Raspberry Pi 3 et Recalbox comme système. Mais faut bien avouer que de dépiauter 60 000 roms de tous les émulateurs possibles, les trier, les scrapper pour leur mettre les bonnes données et les images, le tout pour avoir un truc assez sympathique à utiliser, ça prend un temps fou. «Recalbox ou Retropie, c’est bien quand on se lance dans le rétro en effet. Je dirais que c’est pile entre mes versions disque externe et mes versions consoles. Dans les disques durs, c’est quand même lié à votre PC, ce sont des émulateurs installés sur votre ordinateur finalement. Un recalbox aussi, mais en général ça réagit bien car c’est monté sur le Linux de votre Raspberry et il y a peu de soucis une fois installé, c’est très grand public. Mais mes versions consoles, ça ressemble vraiment à une console plug & play, c’est fait aux petits oignons avec Hyperspin. Y’a rien à toucher, ni les systèmes ni les roms.»
A noter qu’il proposait même des sticks arcade en plus, pendant un temps, mais refroidi par certains problèmes de qualité et de lenteurs liés à l’import, JPM a préféré se concentrer sur ses box, avec des fortes demandes liés à l’explosion du retrogaming depuis des années.
Fan d'arcade
Vous y trouverez des consoles, de l'arcade et des vieux PC.
Et le retrogaming justement, il le partage avec le gaming actuel. «La dernière box que j’ai faite, elle a une Nvidia gtx1060 qui est plutôt haut de gamme, c’est un hybride qui permet aussi de jouer aux next gen, en accédant aux services de téléchargement de jeux récents. Perso, j’ai eu des moments avec des gros trous dans le gaming, pour garder un certain équilibre mental. Je regarde les jeux de maintenant mais de loin.» Il préfère se remémorer ses premiers amours, notamment l’
Amstrad CPC. «C’était à cassettes, mon premier ordinateur, j’ai vraiment eu un coup de cœur à l’époque. J’avais versé des larmes avec les parents pour l’avoir. L’écran était monochrome, couleur verdâtre. Après j’ai évolué sur le
PC-Engine, une console japonaise. J’ai pris goût à l’arcade grâce à cette console. Un peu plus tard j’ai adoré la Dreamcast. Toujours très arcade aussi».
En terme de design, chaque box est stylisée et bien propre!
Et d’ailleurs dans sa liste de jeux favoris, il n’est pas étonnant de retrouver encore de l’arcade.
Ghouls 'n Ghosts et
Ghosts 'n Goblins bien sûr, sur Capcom CPS 2. «J’en ai mis des Francs dedans à l’époque, j’arrivais jamais à aller loin». Et puis
Bomberman. «J’étais fin stratège».
Metal Slug sur Neo Geo, Bruce Lee et
Cauldron sur CPC aussi. «Il y en a beaucoup. Mais on ne peut pas jouer à tout, on a jamais assez de toute une vie». Alors quand on lui demande à quoi ça sert d’avoir une borne de 20 000 jeux (no offense, on a la même à la maison), il est bien d’accord avec nous: «plus t’en as et plus t’es content quand tes copains viennent et te parlent d’un jeu obscure qu’ils pensent être les seuls à connaître. Toi t’es tout fier tu peux dire "ouais ouais on l’a".» En tout cas, on a testé la borne: c'est beau, c'est fonctionnel et c'est propre, on sent que la passion est derrière tout ça. Une bonne découverte sans avoir forcément à se ruiner puisque la gamme commence à un peu plus d'une centaine d'euros, avec déjà pas mal de choses à voir et un suivi très poussé de JPM!
- Mal écrit le 17/02/2019 à 16h29 par Jivé.