«Nous sommes tous uniques». Cette phrase, on l’a tous entendu ou prononcé dans notre vie, qu’elle soit longue ou courte. Ce qui s’avère être souvent une idée reçue, plus qu’une vérité. Elle s’applique cependant à nous, rétrogamers, seuls et beaux face à l’industrie du jeu moderne et sa machine marketing impitoyable.
Les vieilles consoles font tellement peur aux gamers de maintenant, qu'on les pose dans des cloches à fromage. À cause des radiations nocives.
Force est de constater que s'il tend à s’étendre, le phénomène du retrogaming conserve son noyau dur d’irréductibles. Une communauté de purs qui ne se laissent pas attendrir par toute cette ébullition qui entoure leur passion favorite. Du moins jusqu’à ce qu’il devienne plus difficile d’acquérir pour une poignée de figues nos chers cartouches sur les différents sites d’enchère. C’est vrai qu’on était bien dans notre bulle avec toutes ses consoles jaunies par le temps. On était tellement bien qu’on en oubliait presque le monde du jeu vidéo continuait son petit bonhomme de chemin avec succès. Si l’on jetait un regard curieux de temps à autres, histoire de suivre, on peut affirmer qu’aujourd’hui le réveil est douloureux tant l’écart entre la «new generation» et nous est vaste.
Pour savoir à quel point,
GameTrip s’est rendu à la conférence Pub & Jeux 2012 qui se tenait à Paris le 15 février. C’est dans le magnifique salon des miroirs, en plein 9ème arrondissement parisien que se tenait cette conférence. Au menu, Fabien Rondeau de chez GFK et David Bray, Country manager chez Gamehouse France pour nous parler de l’évolution du profil des joueurs. Tasty!
Le nombre de joueurs en France? IT's OVER 9000!!!
Ici, j'ai volé de l'argenterie. J'ai réussi à gagner 400 dollars sur Ebay avec une cuillère. Et elle était en bois.
Il y aurait aujourd’hui près de 23 millions de gamers en France, toutes plateformes confondues, dont 14 millions de
casuals. Plus de 27 000 000 d'heures sont jouées par jour en France. Au milieu de ces chiffres qui donnent le tournis, notre vaillante communauté n’est pas incluse. Le rétrogamer est presque une relique du passé puisque le joueur moderne n’a plus rien à voir avec ce qui se voyait avant 97. «
L’image du geek à lunettes, jouant des nuits plongé dans le noir de sa chambre appartient aujourd’hui au passé» nous dit Fabien Rondeau, qui rajoute «
c’est désormais tout le monde qui joue». Car oui on joue désormais dans toutes les couches sociales, du cadre sup' en costard à l’ouvrier chômeur, la fièvre du jeu a touché toutes les classes. Et oui on reste des grands enfants dans nos corps de Gulliver (pour les plus costauds). Il faut dire que les smartphones et plus récemment les tablettes ont joué un rôle important dans ce processus, de par leur mobilité et leur simplicité. Des temps de jeux très courts pour des supports simples à utiliser sont les causes de ce succès. Une explosion de fun, fun, fun, fun comme dirait l’autre. À quand une appli
Intellevision pour meubler notre temps dans le métro et les pauses cafés?
Ce qui frappe également le fétichiste 8Bits que je suis, c’est cet engouement frénétique pour les jeux en ligne dont je ferme les fenêtres à longueur de temps.
Quand j'ai su les chiffres d'Angry Birds, une larme a coulé
Vous savez, ces jeux où il faut envoyer un oiseau loin avec un lance pierre ou construire une ville et partager ses parties sur le profil de son réseau social favori. Maintenant vous voyez? Quand j’ai su qu’Angry Birds, c’était 350 millions de joueurs en trois ans et que notre
plombier préféré en avait touché presque trois fois moins en trente, une larme a coulé. Oui Monsieur! Parfaitement j’ai pleuré, il n’y a que les vrais hommes qui pleurent.
Tu as les mêmes cheveux que Link mais en mieux
En trois ans, Angry Birds a dépassé ce qu'a fait Mario en 30. Toi aussi, tu pleures?
Que ceux qui ont déjà essayé de conclure avec cette phrase en glissant un mot dans un le casier de leur amour secret reprennent espoir car aujourd’hui le joueur type est une femme. N’en déplaise à certains, les femmes représentent aujourd’hui la majorité des joueurs, toutes plateformes confondues. Kinect,
Wii, Just Dance entre autres sont des mots qui peuvent vous mettre sur la voie. On a tous la plupart du temps moqué les pubs pour ces jeux et plateformes de jeu mais aujourd’hui, force est de constater que la majorité est constituée de femmes. De là à dire qu’elles sont responsables de la baisse de qualité globale de l’offre vidéoludique, il y a plusieurs pas que je ne franchirai pas.
L’approche du jeu vidéo de ces dames est totalement différente de la gente masculine. On joue ici régulièrement, des sessions d’une bonne heure en moyenne. Le jeu vidéo est un pur moment de détente en complément de la vie de famille. Car 79% de ces joueuses sont des mères de famille. Elles ne cherchent pas à intégrer de dimension «sociale» ou de «compétition» dans leur pratique. Juste du fun, fun, fun.
Selon David Bray, «
les femmes qui jouent aux jeux vidéo sont plus épanouies car elles les utilisent comme un complément de leur quotidien et non pas comme un refuge contre les angoisses et problèmes». Vous l’aurez compris, si ça clashe avec Simone dans les chaumières, on enclenche
Micro Machines dans sa console favorite et c’est parti pour plusieurs jours de bonheur candide.
Et toi non plus, tu n’as pas changé
Ce qui n’a pas changé cependant depuis l’époque où les manettes comptaient moins de six boutons, c’est le ciblage du consommateur/gamer par les marques. La gratuité a un coût que le joueur moderne semble être prêt à payer. S'il est vrai que le financement par la publicité et autres placements de produits est un phénomène relativement récent, certaines marques avaient en effet touché du doigt il y a un moment déjà, la communication via ce support un peu bizarre. L’exemple le plus marquant reste sans doute celui du jeu
McDonald Land sur
NES. Cette tentative un peu manquée à l’époque restera malgré tout dans l’histoire. Alors oui aujourd’hui on ne fait plus de jeux avec des petits bonhommes cools à casquette (ou des capsules de 7Up) qui doivent ramasser des burgers dans des niveaux magiques, certes. On est plus proche du placement de produit pur, que du message subtil. Mais bon, faut bien payer d’une manière ou d’une autre.
L’industrie du jeu est aujourd’hui une telle usine à gaz, que le retrogaming prends pleinement son sens actuellement. Terre des derniers joueurs libres, que y'en a même qui disent qu’ils nous on vu voler, la vie semble encore verte pour longtemps pour tous les frustrés des Xbox live et autres PSN. Pourvu qu’on ne décide pas de s’intéresser à nous...
- Mal écrit le 24/02/2012 à 1h00 par Zuben.